Le PS lance son congrès,
à huis-clos et en rangs serrés
Source : MEDIAPART.fr - le 19 juillet 2012
Le conseil national du parti socialiste de ce mercredi a enregistré le dépôt des contributions à son prochain congrès.
Si 20 textes ont été déposés, un seul (cosigné par Aubry et Ayrault) réunit la quasi-totalité des ministres et des ténors du parti. Seuls l'aile gauche du PS et Hamon font encore de la résistance face à l'unanimisme.
A eux deux, la première secrétaire et le premier ministre ont caporalisé cette première phase du congrès PS. Leur texte, récit du magnifique bilan de l'une et des impeccables débuts gouvernementaux de l'autre, avec moultes odes au «redressement dans la justice», a été signé par une très grande majorité des ministres, parlementaires, grands élus et cadres du parti.
Après avoir imaginé déposer leurs propres textes, et beaucoup pesté contre l'initiative du duo, «Hollandais historiques», proches de Vincent Peillon et soutiens de Pierre Moscovici se sont finalement rangés. Parfois même de façon zélée, comme le patron des sénateurs socialistes François Rebsamen, enjoignant ses collègues se rallier eux-aussi.
"Ce n'est même plus du verrouillage, c'est du cadenassage", sourit le Marseillais Patrick Menucci, proche de Vincent Peillon, tandis qu'un jeune député soupire: «Ils nous gèrent ça comme un club Léo-Lagrange: on est au courant de rien, on découvre tout au dernier moment, et on est prié de voter sans rien dire». « Avant, la grosse motion unique était un passage obligé pour le PS au pouvoir, admet un cadre socialiste. Mais là, imposer d'emblée une contribution unique, c'est une nouveauté un peu inquiétante, qui ne laisse guère d'espoirs pour la suite du congrès et l'avenir du parti».
Autre inquiétude parmi les signataires de la grande contribution: le contenu du texte «Réussir le changement». «Il aurait pu être écrit il y a 5 ans, et il pourrait être écrit dans 5 ans», dit un nouvel élu au Palais-Bourbon… « J'espère que c'est volontairement flou et peu musclé, afin de permettre de l'améliorer avec les autres textes…», veut croire un autre jeune député, proche de Ségolène Royal.
Car dans la scénographie des congrès socialistes, la phase des contributions est le prélude à celle dite des motions (prévue début septembre), fusionnant les différentes contributions. Les contributions déposées, qui doivent être signées par au moins un membre des instances nationales du parti, sont au nombre de 20 (ainsi que plus d'une centaine de contributions dites thématiques, c'est-à-dire n'ayant pas vocation à devenir motion).
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Dans ce contexte où l'unité du parti et la bonne entente au service du «redressement dans la justice» priment sur tout le reste, mais où les inconnues sont encore grandes, difficile d'imaginer quels vont pouvoir être les enjeux du futur congrès de Toulouse. La question européenne risque bien d'être le seul clivage de fond, mais seulement si la situation économique changeait d'ici là. Pour l'heure, presque tout le monde au PS s'est accordé pour saluer les efforts de réorientation du président Hollande, en faveur de la croissance.
Plus sûrement, les débats internes du PS pourraient tourner autour de la rénovation du parti.
En premier lieu, le respect de l'engagement des parlementaires socialistes à ne plus cumuler de mandats pourraient animer les échanges de pré-congrès. Les questions des statuts du parti, de la parité, de la lutte contre le clientélisme dans les fédérations, de la mise en œuvre d'une école de formation de futurs cadres, de l'application des primaires au niveau local commencent à être évoquées dans les discussions de couloir.
Mais il est encore trop tôt pour savoir si Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault autoriseront les socialistes à en parler vraiment.
[ Affligeant de lire ça ... mais le journaliste n'a probablement pas tort, hélas ]
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