Et pendant ce temps, au PS, les hiérarques manœuvrent
Source : LeMonde.fr - le 11 septembre 2012
On est chez les fous !" Ce responsable socialiste est pourtant un habitué des montages alambiqués qui précèdent les congrès du parti. Mais il n'en revient pas de la tournure prise par les événements ces dernières heures, à l'approche du verdict. Mardi 11 septembre, en effet, dans la journée – ou la soirée –, Martine Aubry devait annoncer le nom du premier signataire de la motion majoritaire présentée au congrès de Toulouse fin octobre, et donc celui de son probable successeur à la tête du PS.
La dernière ligne droite a été l'occasion de toutes les pressions et de tous les coups de bluff. Avec un grand enjeu caché : la composition de la future équipe dirigeante du PS. "On s'occupe bien moins du sommet que des fondations et de l'architecture de l'édifice", explique un cadre socialiste.
Et à ce jeu, tout le monde veut apposer sa pierre. Tous les courants, sous-courants et néocourants issus du congrès de Reims en 2008, revigorés par les résultats de la primaire socialiste de 2011 et les nouveaux rapports de force issus du gouvernement, doivent ainsi être représentés. "Il faut respecter les masses critiques de chacun", résume l'un des maçons.
Les hommes forts de l'exécutif – Manuel Valls, Vincent Peillon, Pierre Moscovici et Stéphane Le Foll –, que leurs détracteurs ont aimablement surnommés "la bande des quatre", veulent peser. Tout comme Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, qui souhaite rentabiliser ses 17 % de la primaire, ou Ségolène Royal, qui refuse de connaître une nouvelle humiliation. Sans parler de Benoît Hamon, ministre délégué à l'économie sociale et solidaire, en passe de faire basculer l'aile gauche du parti dans la majorité contre une meilleure représentation, et bien sûr de Martine Aubry, qui "ne veut pas partir en ayant l'impression d'être chassée", précise un responsable.
Chacun exige donc que ses proches occupent des postes clés dans la future direction. "Si les Français savaient qu'on passe des heures de négociations pour trois places de plus au bureau national contre une de moins au conseil national, ils seraient atterrés", se désole un hiérarque.
APPARTEMENT TÉMOIN
De l'issue de ce jeu de rôles découlera le choix du premier secrétaire. "C'est du donnant-donnant, décrypte un spécialiste interne. Si les anti-aubrystes l'emportent sur les postes, c'est Jean-Christophe Cambadélis qui sera désigné pour équilibrer l'ensemble et respecter chaque sensibilité. Si, en revanche, l'actuelle direction sauve les meubles, ce sera Harlem Désir."
Sauf que lundi, tard dans la nuit, les tensions étaient telles que, selon nos informations, l'hypothèse d'un troisième homme ou d'une troisième femme est même revenue pour tenter de débloquer la situation.
Dans tous les cas, une chose est sûre : quel(le) que soit l'élu(e) qui sortira de ces "combinazione" à la rose, il ou elle n'aura d'autre choix que d'hériter d'une direction décidée à l'avance. Comme le nouveau propriétaire d'un appartement témoin qui n'a même pas la liberté de déplacer un pot de fleurs.
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