Assemblée nationale
Séance du mardi 11 janvier 2011
Question de Gaëtan GORCE au gouvernement
Monsieur le Premier ministre,
Depuis plusieurs jours, se déroulent des évènements sanglants en Algérie et en Tunisie.
Ces évènements sont la conséquence d’une dégradation sensible de la situation économique et sociale intérieure.
Mais ils traduisent aussi le malaise profond de la population confrontée à la pauvreté et au chômage alors que le produit des richesses naturelles dont regorge leur sous-sol ne bénéficie qu’à des minorités.
Ces évènements ont été durement réprimés, donnant lieu au moins à des dizaines de morts. En Tunisie, les communications avec l’extérieur ont même été restreintes et le travail des journalistes, notamment du correspondant du Monde, a été gravement entravé.
Compte-tenu des liens qui nous unissent historiquement avec ces deux pays, ces événements n'ont pu être, de ce côté-ci de la Méditerranée, que très douloureusement ressentis.
Dans un tel contexte, le silence prolongé de la France, puis l’extrême prudence des déclarations récentes du Quai d’Orsay ont déçu et choqué, non seulement les défenseurs des Droits de l’Homme, mais aussi tous ceux qui ont conscience des enjeux de ces événements pour l'avenir de nos relations avec tout le Nord de l'Afrique.
Cette attitude, permettez-moi de vous le dire, n'est pas à la hauteur de l'amitié que la France porte à la Tunisie et au peuple tunisien.
La France doit se ressaisir et s’exprimer désormais d’une voix forte, à la fois pour condamner la répression et ses auteurs et pour encourager un indispensable processus de réforme.
Ou bien allez-vous rester prisonnier de cette fausse alternative selon laquelle entre les Islamistes et des pouvoirs autoritaires et parfois corrompus, il n’y aurait rien ?
Gaëtan GORCE, Député de la Nièvre
Vice-président du Groupe socialiste, radical et citoyen
en Charge des Droits de l'Homme