Les organisations syndicales entendent
interpeller le gouvernement sur les
conséquences sociales de la crise financière.
En pleine période d’hémorragie de l’emploi (les annonces de plans de réduction d’effectifs sont devenues quasi quotidiennes) et de stagnation des salaires depuis un an, selon les chiffres officiels, les mots d’ordre sont surtout défensifs: défense de l’emploi, privé et public, et maintien du pouvoir d’achat.
Premier appel unitaire depuis le 22 mai
Le 29 janvier sera la première journée unitaire d’action interprofessionnelle depuis le 22 mai 2008, lorsqu’entre 300.000 et 700.000 personnes étaient descendues dans la rue pour la sauvegarde des régimes de retraite. Mais aucun appel national à la grève n’avait été lancé ce jour-là.
Les syndicats de fonctionnaires devraient se joindre à la mobilisation, lors d’une réunion prévue mercredi.
(Reuters) Les syndicats ont appelé lundi à une grève interprofessionnelle nationale pour le jeudi 29 janvier, un nouveau défi pour Nicolas Sarkozy confronté à la crise économique et à la grogne sociale.
Les syndicats CGT, CFDT, CFTC, Force ouvrière, FSU, Solidaires, Unsa et CFE-CGC en ont fait l'annonce au terme d'une réunion organisée au siège de FO, à Paris.
Dans un communiqué, les organisations syndicales appellent "à agir massivement et (à) interpeller les responsables gouvernementaux, les responsables patronaux et les employeurs" autour d'une série de revendications.
Parmi elles figurent "la défense de l'emploi privé et public" et "la lutte contre la précarité et les déréglementations économiques et sociales".
Les organisations syndicales demandent aussi "la défense du cadre collectif et solidaire de la protection sociale".
"C'est une inversion de tendance qu'il nous faut", a dit Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT.
"La journée du 29 janvier va permettre aux salariés, aux demandeurs d'emploi, aux retraités, de dire très clairement aux pouvoirs publics et aux entreprises privées et publiques : pas question de vous servir de la crise comme prétexte pour diminuer les salaires, pour nous empêcher d'avoir des progressions de carrière, pour nous contraindre à accepter de travailler plus et plus longtemps..."
"Se battre pour le pouvoir d'achat, c'est le meilleur moyen de créer des emplois et de se battre contre la récession", a estimé Maryse Dumas.
UNE TRÈS LARGE INTERSYNDICALE
Toutes les organisations syndicales se sont réjouies d'avoir trouvé un accord autour du moyen d'action et de la date.
"Ce n'est quand même pas si fréquent que tous les syndicats ensemble interpellent les pouvoirs publics", a déclaré à la presse Jean Grosset secrétaire général adjoint de l'UNSA. "On sait ce que l'on veut et cette intersyndicale porte la possibilité d'une grande mobilisation."
Gérard Labrune (CFE-CGC) a pour sa part souligné que les syndicats se réuniraient à nouveau le 5 janvier pour formuler une plateforme commune de propositions avant cette journée de mobilisation.
"Il est important qu'il n'y ait pas seulement des revendications mais aussi des propositions", a-t-il estimé. "Il ne sera pas dit que nous nous serons lancés dans une manifestation aussi vaste sans avoir fait le maximum pour proposer des choses au gouvernement."
La CFDT a souligné que le 29 janvier "laissait le temps de voir ce qui allait se passer".
"Nous avons encore du temps devant nous pour nous mettre d'accord sur ce que nous attendons de l'Etat en terme de service public, de qualité des emplois, de modalités de relance", a dit son secrétaire national Marcel Grignard.
Le recul de Xavier Darcos sur la réforme du lycée a en tout cas donné beaucoup d'espoirs aux organisations de salariés: "Ça encourage dans l'idée qu'il faut se mobiliser", a lancé dans un sourire le secrétaire national de la FSU Gérard Aschieri.