Fausses pistes : lettre ouverte à Arnaud Montebourg
par Gaëtan GORCE, sur son blog, le 14 novembre 2011
Mon Cher Arnaud,
Qu’au lendemain des primaires où tu as fort honorablement tiré ton épingle du jeu, tu sois saisi d’une nouvelle poussée d’ardeur rénovatrice, ne peut que réjouir celles et ceux qui veulent faire changer le Parti socialiste. Parce que tout, en réalité, reste encore à faire. Et parce que l’enjeu, à l’approche de la présidentielle ne doit pas être occulté tant un parti moderne, ouvert, délibérant, innovant serait nécessaire à l’exercice efficace du pouvoir.
Mais à la condition, toutefois, de ne pas prendre les « vessies pour des lanternes », ou de confondre, une fois de plus, les effets et les causes. Que le rajeunissement du PS ne parvienne pas à s’opérer, qui s’en étonnerait ?
Et à qui la faute ? A ceux et celles qui sont toujours là ?
Ou à un appareil qui se révèle incapable de programmer, de planifier, de vouloir le renouvellement ?
A cet égard, la question principale ne saurait être celle de l’âge des élus ou de la durée de leur mandat. On pourrait certes espérer que, passé un temps, nos doyens aient l’élégance de céder la place. Mais ne serait-il pas absurde d’en faire une règle générale ? On peut parfaitement entrer dans la carrière à 62 ou à 67 ans et se révéler un excellent législateur, ou bien à 30 ou à 40 et rester un parfait incapable.
Aussi, ne faudrait-il pas que l’attaque en règle à laquelle tu viens de te livrer, et qu’on peut comprendre, ne nous détourne des vrais combats, à savoir les blocages institutionnels qui font que le PS se soucie comme d’une guigne de représenter dans ses instances, comme dans ses Assemblées, la Nation dans sa diversité qu’elle soit d’âge ou d’origine…
Et cette carence ne peut être séparée d’une autre plus préoccupante qui pointe son incapacité, égale, à renouveler ses idées et son projet.
Ce sont donc les structures qu’il faut changer (et accessoirement les hommes et les femmes qui s’en accommodent et ceci quel que soit leur âge) pour ne pas donner à l’appareil le prétexte et l’opportunité d’une « rénovation » à bon compte, en se contentant de remplacer quelques anciens par de jeunes apparatchiks formés à la même école : celle des clans et des écuries, au total issus du même sérail.
Alors comment y parvenir ? Par la seule méthode qui vaille : la démocratie. En élargissant à tous nos candidats, en particulier aux législatives, la technique des primaires ! En choisissant directement nos dirigeants sans passer par les filtres dépassés des courants qui ne servent que de paravent aux ambitions les plus mesquines ! En réhabilitant la délibération via une revitalisation de nos bureaux et Conseils nationaux qui ne sont plus, l’un une chambre d’écho de débats médiatiques, l’autre une chambre d’enregistrement des décisions du sommet.
L’enjeu pour la gauche, Cher Arnaud, n’est pas de faire un sort aux « Anciens » mais de combattre les pratiques anciennes, c'est-à-dire d’ouvrir le PS sur la société et sa diversité et de redonner à ceux qui ressentent à nouveau l’envie de s’engager, le moyen de le faire au sein de notre vieille maison ! Agissons ensemble en ce sens. Et, je suis d’accord avec toi, sans délai !
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