L'ouvrage, qui doit sortir dans les librairies jeudi prochain, s'attaque en priorité à Nicolas Sarkozy. Le chef de l'État, comme de nombreux autres responsables politiques, a porté plainte pour atteinte à la vie privée, dénonciation calomnieuse ainsi que faux et usage de faux. Bertrand a aussi été limogé en une journée d'une administration - la police - dans laquelle il a travaillé quarante ans. De quoi rendre furieux l'ancien flic, qui compare le président au "général Alcazar" de Tintin :
"Le poisson qu'on lui sert dans l'avion ne lui plaît pas? 'Qui a acheté ce poisson?', demande-t-il? Et le gars est viré le jour-même. C'est ce qui m'est arrivé", décrit l'ex-patron des RG.
"Quand vous ne le servez pas, il vous tue"
Dans ce portrait, il estime que l'ancien ministre de l'Intérieur n'a "reculé devant rien pour rafler le pouvoir" en se glissant dans l'ombre de Charles Pasqua, alors à la tête du département des Hauts-de-Seine. "Jusqu'au jour où, Pasqua vieillissant, il l'a poussé et a pris sa place", raconte-t-il, évoquant "l'astuce politique rare", ainsi que "l'aplomb et le culot indescriptibles" de l'actuel président.
"Le secret de Sarkozy: la manière dont il vous sert la soupe quand vous lui êtes utile. Quand vous ne le servez pas, il vous tue", dit-il.
Sur l'affaire Clearstream, dont le procès s'ouvre le 21 septembre à Paris, Yves Bertrand se défend dans son livre d'avoir oeuvré pour empêcher le futur président d'accéder à l'Elysée en raison de sa proximité avec Jacques Chirac. Il explique que Nicolas Sarkozy était persuadé qu'il était l'auteur des faux listings des clients de l'organisme financier, où figurait le nom du père du président de la République. "Nicolas Sarkozy était très remonté, je dirais même qu'il hurlait: 'Vous êtes dans le coup', répétait-il. 'Vous êtes dans cette affaire!'. C'était encore une fois si gros et je me sentais tellement innocent de ce dont il m'accusait que je suis resté imperturbable", raconte-t-il.
Se voulant toujours au centre de toutes les rumeurs sur les hommes politiques de ces trente dernières années, l'ancien policier ne cache pas avoir cherché et réussi à protéger Jacques Chirac lorsque ce dernier était soupçonné d'avoir un fils japonais ou un compte bancaire dans ce pays, sans pour autant dire si ces soupçons étaient fondés ou non. Selon lui, ces rumeurs avaient été lancées par un magistrat en poste au sein des services secrets et qui "agissait pour le compte du clan Jospin".