Depuis le début de cette semaine, une multitude d'échanges e-mail se déroule entre les animateurs de Désirs d'Avenir, concernant la guerre de GAZA. Cela a été initié par le Président de Désirs d'Avenir Jean-Pierre MIGNARD, dont j'ai reproduit le texte ci-après.
La plupart des intervenants évitent les déclarations péremptoires, et c'est tant mieux. D'autant plus qu'il est très aisé de s'enflammer en faveur d'un camp ou d'un autre, quand on n'est pas très directement concerné, quand on n'est pas présent sur le terrain des opérations ...
Ce sujet, passionnel , nécessite au contraire de la mesure et une bonne connaissance des responsabilités historiques. Tout un chacun peut se rendre compte des effets dramatiques, ceux d'une guerre avec sa litanie de victimes dans la population. C'est évidemment la priorité des préoccupations que nous devons avoir à l'esprit :

Jean-Pierre MIGNARD - 4 janvier 2009
Voila quelques réflexions qui, à défaut d'être optimistes,
j'espère vous seront utiles : Comment réagir à propos de la guerre de Gaza?
Tout d'abord être précis.
Le malheur des palestiniens remonte à 1948, et non à 1970.
Lorsque l'ONU a attribué une terre aux juifs réfugiés sans considération pour les palestiniens. La politique cynique de la Grande Bretagne avait préparé cela.
L'exode des juifs est le résultat d'une violence antisémite abjecte qui s'était abattue sur eux dans toute l'Europe de la Russie à la France et dont le point d'aboutissement fut en Allemagne la Shoah.
C'est l'Europe qui a été la marmite du diable dans cette affaire.
Ensuite tous les cynismes et manipulations se sont succédés, ceux des régimes ou factions arabes qui par deux fois au moins massacrèrent des palestiniens à Amman en 1970, septembre noir, puis Beyrouth 1982. J'ai eu un ami Azzedine Kalak, délégué de l'OLP à Paris, assassiné par les agents de Saddam Hussein. Celui d'avant l'avait été par le Mossad. C'était après Munich. Sinistre litanie.
Cynismes et manipulations de l'Europe ensuite (France et Grande Bretagne) pour qui Israël contenait le mouvement d'émancipation du monde arabe durant la décolonisation ou assurait la protection de leurs intérêts - crise du canal de Suez - puis les Etats-Unis pour contenir les régimes arables liés à l'URSS.
Israël, de son côté, qui profita de la défaite de son agresseur arabe de 1967 pour s'agrandir, toujours s'agrandir. La théorie du Grand Israël.
La résistance palestinienne qui sans réalisme aucun voulut pendant 25 ans "détruire l'Etat d'Israël" et inventa le terrorisme moderne.
Les deux intifada ou les populations civiles sont prises en otage. La guerre des images et des pierres. Les gamins ensanglantés, tués par les tirs de Tsahal, que des propagandistes exhibent devant les caméras. Riposte, les attentats en Israël dans les cafés de Tel Aviv.
Emergeront des leaders courageux et lucides, Sadate, assassiné, Rabin, assassiné, et sans doute Arafat, courageux mais moins lucide, ou lucide trop tard. Entre temps les Etats-Unis et Israël avaient sournoisement sponsorisé le Hamas pour affaiblir le Fatah d'Arafat. Belle réussite, belle manœuvre !
J'ai beaucoup parcouru cette région, j'y ai fait des missions judiciaires et humanitaires des deux côtes avec les deux côtés, sous les pierres et les grenades parfois, dans l'harmonie aussi, j'y ai rencontré des personnes remarquables des deux côtés.
Lisez Darwish c'est une autre Palestine que le Hamas. Lors des obsèques de ce grand poète engagé dans le Fatah à Ramallah cet été assistaient de nombreux écrivains israéliens. Lisez David Grosman, Isaac ben Yehoshua, Amos Oz. C'est un autre Israël que celui de la conquête.
Il a tellement été écrit et dit sur la question que l'on se demande quoi rajouter : Démilitariser la bande de Gaza? Qui va envoyer des troupes? Et pour protéger qui de qui? Restaurer l'unité territoriale de la Cisjordanie?
Quel gouvernement israélien aura le courage d'affronter les colons? La gauche en Israël est faible. Les assassins nationalistes de Rabin savaient ce qu'ils faisaient. Refaire Oslo? Trop virtuel, trop loin de l'affrontement quotidien.
Favoriser tout rapprochement, imposer un droit humanitaire à défaut du droit tout court, oui. Rassurer Israël sur sa sécurité. Evidemment. Et se considérer comme débiteurs vis-à-vis des palestiniens, évidemment aussi. Il y a un débit historique européen dans cette tragique affaire.
Et ne pas confondre le droit des palestiniens à un Etat avec le soutien à un mouvement confessionnel despotique sous la coupe de ses puissants protecteurs régionaux.
Alors peut être proposer une conférence internationale si Obama le veut bien...Cela se prépare. L'échec est interdit.
Difficile de faire un communiqué qui serve à quelque chose sur le plan politique dans ces conditions. On peut au moins exiger l'arrêt des combats.
C'est le minimum. Mais Jean Louis l'a déjà dit dans son blog. Ségolène le fera.
NB : Sur le plan pratique les villes palestiniennes manquent de beaucoup de choses. Des jumelages de villes, d'écoles, d'hopitaux, quand c'est possible, seraient les bienvenus.