Un animateur de Désirs d'Avenir 91 nous a envoyé le texte qui suit :
Comme tout groupe humain structuré, le parti socialiste a ses rites : réunions de section, universités d'été dans sa ville sainte de la Rochelle et congrès. Un congrès c'est très compliqué. Aussi compliqué sans doute qu'un concile. Il faut rédiger des textes, appelés contributions, qui peuvent être généraux ou thématiques. Et qui doivent être signés par un maximum de "gradés" (grands élus, secrétaires fédéraux...) afin de se présenter en force au congrès, où les contributions vont se regrouper en motions, et les contributeurs en courants.
Mercredi 2 juillet, un Conseil National du PS a entériné les contributions en lice. Pour les militants engagés sur un texte, c'est le temps des appels à signature, du "phoning" façon Obama. Sauf qu'eux ne sont pas payés pour le faire ...
Il a aussi imaginé une lettre, une lettre à un élu anonyme et hésitant (un député, en l'occurence, mais on peut extrapoler à tout élu ou responsable du PS) :

Lettre à un élu anonyme et hésitant
Bonjour Monsieur le député,
Nous sommes en pleine course aux signatures et la plupart des élus comme des simples militants sont encore dans l'expectative. Certains par simple opportunisme, pour voler au secours de la victoire le moment venu, les autres, plus nombreux, parce qu'il y a un tel cafouillage au sein du parti qu'ils ne savent plus très bien où ils en sont eux-mêmes.
Lors des présidentielles, tu as été parmi les premiers à soutenir Ségolène Royal. Depuis, beaucoup de choses se sont passées: une campagne magnifique, une franche défaite, sans parler des fameuses bourdes, la plupart montées de toutes pièces par des médias aux ordres.
Quelles raisons aurions-nous aujourd'hui de changer de tête de file?
La défaite électorale? Mitterrand a perdu en 65 et en 74, Jospin en 95, pourtant leur leadership n'a jamais été contesté. Il faut du temps pour installer un leader dans la tête des Français. Contrairement aux Américains, ils n'aiment pas les petits nouveaux surgis de nulle part.
Aucun autre leader socialiste n'a la même capacité de susciter l'enthousiasme des militants et des citoyens partout où elle se déplace – et tout spécialement dans ces quartiers populaires habituellement si éloignés des socialistes. Les candidats PS l'ont bien compris pendant les municipales, quand ils se bousculaient pour qu'elle vienne les soutenir.
C'est vrai que Ségolène a commis des erreurs. C'est vrai aussi que le métier de candidat aux présidentielles n'est pas facile et qu'elle a dû l'apprendre dans les pires conditions, y compris au plan personnel. C'est vrai aussi qu'elle a beaucoup mûri depuis.
La contribution qu'elle présente n'est pas foncièrement différente des autres contributions. Mais il me semble qu'elle dénonce le système Sarkozy de façon plus implacable qu'aucune autre, et elle a bien raison. Qu'elle est la plus cohérente, en paroles et en actes, dans sa conception jaurésienne du socialisme comme "la démocratie poussée jusqu'au bout" - jusqu'au respect des militants! Qu'elle est aussi plus précise et radicale qu'aucune autre sur les sujets où le PS avait manqué de crédibilité aux dernières présidentielles: les impôts et les retraites. Et, comme toujours, ses vues sur l'éducation et la sécurité sont complètes et sans tabou.
Mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel est que le PS doit se choisir un leader et un candidat dès maintenant. En 2011, il sera trop tard. On ne gagne pas les présidentielles avec un candidat sorti du chapeau, à l'issue d'une campagne interne qui laisse le parti divisé et les plaies mal refermées.
Prétendre qu'il faut préserver notre candidat, le mettre en quelque sorte au frigo pour le ressortir tout frais au bon moment, est une fumisterie. Ceux qui disent ça ne le disent que parce qu'ils attendent que leur propre champion soit disponible, revenu de Washington ou enfin réconcilié avec les sondages.
Prétendre que le premier secrétaire doit être autre que le candidat, c'est refuser la réalité de la cinquième république. Nous ne pourrons mettre en place notre sixième république que si nous gagnons la présidence avec les armes de la cinquième république. On ne gagne pas de bataille sans général-en-chef et la bataille que nous avons à gagner est aussi cruciale que rude.
Merci pour ton travail à l'assemblée nationale. A Paris comme dans ton département, tu pratiques le socialisme "par la preuve" et c'est ainsi, non par des incantations pseudo-révolutionnaires, que nous saurons reconquérir l'opinion. Et vaincre la fatalité qui veut que le seul luxe restant aux RMIstes soit de voter comme des millionnaires.