
Duel Royal-Aubry au second tour
NOUVELOBS.COM - 21.11.2008
Selon les résultats officiels diffusés dans la nuit par la direction du PS, Ségolène Royal a obtenu 43,10% des voix, Martine Aubry 34,50% et Benoît Hamon 22,40%. Au total, 137.741 militants ont voté jeudi soir, soit une participation de 59,90%. Le second tour a lieu ce vendredi.
Ségolène Royal et Martine Aubry s'affronteront, ce vendredi 21 novembre, pour le poste de premier secrétaire du Parti socialiste, lors d'un deuxième tour qui s'annonce extrêmement serré.
Troisième candidat en lice au premier tour, le député européen Benoît Hamon, éliminé, a appelé à voter pour la maire de Lille, "un choix de culture" politique.
Sa décision matérialise un front "Tout sauf Ségolène", qui était en gestation depuis plus de deux semaines.
L'ancienne candidate à l'Elysée devance cependant la maire de Lille de neuf points, soit environ 12.000 voix.
Au total, 137.741 militants ont voté jeudi soir, soit une participation de 59,90%, a annoncé Bruno Le Roux, secrétaire national du PS chargé des élections. On répertorie environ 2.000 votes blancs.
"25+25=34"
"Nous sommes en pole position. Quand on est à 42% dans une élection, on est confiant", s'est réjoui Patrick Mennucci, proche de Ségolène Royal, devant les caméras massées au siège du Parti, rue de Solférino à Paris. "Il faut tout changer du sol au plafond à Solférino."
Lors du vote sur les motions, début novembre, Ségolène Royal avait obtenu 29,08% des suffrages contre 25,24% à Bertrand Delanoë et 24,32% pour Martine Aubry. Retiré de la compétition, le maire de Paris a appelé lundi à voter massivement pour son homologue nordiste après avoir annoncé lors du congrès de Reims qu'il ne donnerait pas de consigne de vote.
L'attitude de son camp, profondément divisé, était l'une des principales inconnues du scrutin de jeudi soir. Selon un proche de Royal, 50% du bloc Delanoë s'est reporté sur la présidente de la région Poitou-Charentes.
"Ce soir, ce qu'on a appris, c'est que 25 plus 25 égale 34", a dit Mennucci.
Hamon, objet de toutes les convoitises
Pour Claude Bartolone, député rallié à Martine Aubry, "ça va être un très beau deuxième tour". "Je ne suis pas inquiet", a renchéri François Lamy, le bras droit de la maire de Lille. "La dynamique a commencé (...) Je ne doute pas que demain Martine Aubry sera premier secrétaire", a ajouté le député de l'Essonne.
A 58 ans, la fille de Jacques Delors s'est lancée dans la course à la succession de François Hollande à la toute dernière minute dimanche.
L'ancienne ministre de l'Emploi est soutenue par une coalition composée de frères jusqu'alors ennemis au PS, comme les partisans de Laurent Fabius et de Dominique Strauss-Kahn. L'ancien Premier ministre Lionel Jospin a voté pour elle jeudi soir à Paris.
Lors d'une brève déclaration au siège du PS, Benoît Hamon a pris la peine de préciser qu'il n'était pas "propriétaire" de ses quelque 30.000 voix.
"Coalitions d'empêchement"
Selon un dirigeant proche de Ségolène Royal, celle-ci pourrait récupérer entre huit et dix points des quelque 23% des suffrages "hamonistes". "Vous verrez que demain 34 plus 23 ne font pas 57.
Les militants qui ont voté le changement avec Hamon n'iront pas avec Laurent Fabius et Lionel Jospin",a-t-il prédit.
Candidat de l'aile gauche du PS, Benoît Hamon a justifié son choix par la nécessité d'avoir "un Parti socialiste ancré à gauche, un parti qui renouvelle son attachement au rassemblement de la gauche" - une allusion à l'alliance au centre que Ségolène Royal est soupçonnée de vouloir bâtir pour la présidentielle de 2012.
"Les militants n'ont pas besoin de ceux qui se prétendent directeurs de conscience de leur vote", a déclaré à Reuters François Rebsamen, ancien directeur de la campagne présidentielle de Ségolène Royal, dénonçant les "coalitions d'empêchement".