Sur le blog de Jean-Louis BIANCO - le 10 mai 2011 :
François Mitterrand
Je vous retranscris ci-dessous le discours que j’ai prononcé dimanche dernier à l’occasion de l’UPP de Désirs d’avenir sur la victoire de François Mitterrand en 1981 et en présence de notamment Pierre Bergé, Dominique Bertinotti, Laurianne Deniaud, Charles Fiterman, Yvette Roudy et bien sûr Ségolène Royal.
J’ai eu la chance et l’honneur de travailler aux côtés de François Mitterrand, d’abord comme Secrétaire général de la présidence de la République pendant 9 ans, puis deux ans comme Ministre.
10 mai 1981 : ‘Quelle histoire !’ disait François Mitterrand ce soir-là.
10 mai 1981-8 mai 2011 : Nous vivons une autre époque, le monde a changé. Profondément. Et pourtant… pourtant, ce que nous a dit François Mitterrand demeure incroyablement actuel.
‘Donner du temps au temps’ : L’actualité devient folle. Dans notre système médiatique, il faudrait commenter les évènements heure par heure. Le long terme commence à la fin de la semaine.
Et pourtant, une vie, une famille, un métier, un pays se construisent lentement, jour après jour. À condition d’avoir une vision claire de l’avenir, de la faire partager par tout un peuple, à condition de fixer un cap, alors oui, il faut donner du temps au temps.
Combattre d’urgence toutes les injustices. Redonner du pouvoir d’achat. Sortir de la précarité. Tout cela devra aller vite.
Mais pour le reste… L’insécurité ne se réglera pas par un empilement de lois d’émotion et de circonstance, sans changer en profondeur les comportements et les méthodes. Une vraie réforme des retraites, commençant par rétablir la retraite à 60 ans, demande du temps, afin de parvenir, dans toute la mesure du possible, à un consensus.
Ne laissons personne au bord de la route. Nous vivons la plus grande explosion des inégalités depuis un siècle. L’injustice indécente s’étale sans vergogne. Un petit groupe de super-privilégiés, la bande du Fouquet’s, a mis la France en coupe réglée.
Pour que notre pays reprenne sa marche en avant, nul ne doit être exclu. Il faut mobiliser le potentiel d’idées, de travail, de courage de toute la France. Il faut que chacun puisse espérer un avenir meilleur pour ses enfants. Il faut que la démocratie s’épanouisse à tous les étages : démocratie participative, démocratie décentralisée, démocratie sociale, démocratie parlementaire.
Autrement dit, François Mitterrand encore : ‘Prendre le pouvoir pour le rendre aux citoyens’.
‘Changer la vie’. Oui ! Changer la vie ! Il y a eu tellement de désillusions, il y a tant de souffrances, de désespoirs et de colères. Le monde globalisé de la finance spéculative semble échapper à tout contrôle.
Nous avons raison de ne promettre que ce que nous pourrons tenir. Nous avons raison de dire que la situation de la France en 2012 sera dramatique : un tissu social brisé, la peur de tous contre tous, l’accumulation des dettes et des déficits.
Si nous voulons être entendus, il faut dire la vérité. Mais c’est précisément parce que nous aurons dit la vérité que nous pourrons faire renaître l’espérance.
Oui, la vie n’est pas condamnée à être triste, sans perspective ! Oui, les inégalités peuvent être réduites ! Oui, la France, l’Europe ont encore un rôle, ont encore un avenir !
Comment faire ? Ce sera, évidemment, très difficile. Pour y parvenir, nous devons retrouver la confiance de l’électorat populaire et les forces de la jeunesse. François Mitterrand encore, François Mitterrand toujours.
‘Là où il y a une volonté, il y a un chemin !’