à ceux de Frédéric Lefebvre
18 novembre 2009
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Michèle DELAUNAY - le 17 novembre 2009 :
Une question d'éthique
Oui, c'est la politique que je déteste, celle qui nous fait perdre la confiance des Français et qui nous fait perdre confiance en nous mêmes. Mais justement, il faut qu'elle cesse, que les Socialistes s'expriment et plus encore leur direction.
Socialiste récente, le congrès de Reims était mon premier Congrès. J'ai soutenu la motion "E", "L'espoir à gauche, fier d'être socialiste" dont je donne l'intitulé complet mais la belle formule "l'espoir à gauche" est celle qui a marqué et qui est demeurée dans les esprits.
Même si Gerard Collomb était le premier signataire de cette motion, il ne fait de doute pour personne, pas plus les militants que le public, à ce moment comme aujourd'hui que cette motion était celle de Ségolène Royal.
Peu après les affres de ce Congrès, dont je me suis promis que s'il était pour moi le premier, il serait aussi le dernier sous cette forme, nous avons vu un beau matin un mouvement se constituer sous la forme d'une association "L'espoir à gauche". Vincent Peillon, brillant lieutenant de Ségolène dans la période précédente, s'est porté à sa tête. Pour ne parler que d'eux parmi mes collègues députés, soutiens de la motion E, certains ont été conviés régulièrement, d'autres de temps en temps, d'autres encore pas du tout, par le même Vincent Peillon.
Une certaine interrogation s'est progressivement installée parmi les militants de la motion E : la référence à Ségolène apparaissait de plus en plus ténue. A Marseille, puis à Dijon, elle n'a été ni conviée, ni évoquée. En ce qui concerne Dijon, on connait la suite et je pense que Ségolène a eu raison de s'y rendre "naturellement" : il s'agit du courant qu'elle incarne, les militants sont ceux qui l'ont soutenue et qui l'ont d'ailleurs fort bien accueillie. Elle a eu raison malgré l'effet délétère que cela a, en ce moment encore, pour tous les socialistes.
Les paroles de Vincent Peillon à son égard ont confirmé son intention de se porter non pas à la tête de l'association, mais à la tête du mouvement que Ségolène incarne. Pour cela, il a fait une OPA sur le mouvement et sur son nom "L'espoir à gauche".
C'est un manquement à l'éthique du Parti Socialiste, un acte déloyal et un abus d'identité. Nous n'en avions pas besoin. Il s'agit maintenant que cela ne se reproduise pas.
Pour cette raison, notre Première Secrétaire ne peut se taire. Il ne s'agit pas de "bisbilles" que l'on peut écarter en les considérant, à raison, comme de moindre importance que tous les signes qui témoignent du médiocre état de notre pays. Mais Chef elle est, en chef elle doit se comporter.
Quoi faire ?
1 - Activer ce comité d'éthique pour lequel nous avons massivement voter le 1er octobre. Sans bruit excessif, sans journalistes, en interne. Mais est-il seulement constitué ?
Ségolène Royal et Vincent Peillon doivent à l'évidence poursuivre séparément leur chemin. Quelques points méritent précision, même si leur intérêt est d'abord interne : Vincent Peillon siège aujourd'hui dans les instances nationales comme représentant désigné de la motion E. Cette situation doit elle être maintenue.
De la même manière et pour la même raison, Vincent Peillon a été situé en position éligible dans nos listes européennes. N'est-ce pas, cela aussi, une interrogation ?
2 - Laisser la parole aux militants, sans affrontement, en liberté et en responsabilité, en particulier au regard des prochaines échéances.
Le Parti Socialiste, c'est d'abord chacun de nous.
Rendre le courant aux militants, tout simplement
L’Espoir à Gauche n’appartient à personne, et un courant n’est rien d’autre que des militants et responsables socialistes qui se regroupent à un moment donné pour faire valoir leurs idées au sein du parti.
Ségolène Royal a toujours mis un point d’honneur à respecter scrupuleusement ces règles du jeu en n’ayant jamais eu le moindre le mot ni fait le moindre geste visant à détourner l’Espoir à Gauche de ses objectifs initiaux.
On peut l’accuser de tout ce qu’on veut, mais certainement pas d’avoir soumis le courant à ses intérêts personnels.
J’espère que les commentateurs de la vie politique auront l’honnêteté intellectuelle de le reconnaître : une telle exigence n’est pas la chose la mieux partagée au sein du Parti Socialiste, et mériterait d’être remarquée, sinon saluée.
A Dijon, Vincent Peillon a brutalement changé les règles du jeu : nous ne pouvons faire autrement qu’en prendre acte, et chercher dans le meilleur état d’esprit possible une nouvelle manière de travailler ensemble, entre socialistes.
La mission que Ségolène Royal nous a demandé, avec Jean louis Bianco et Gaétan Gorce, de conduire au sein du courant n’a donc rien d’une «reprise en main et ne revêt aucun caractère militaire : c’est une mission de clarification dans le seul but de rendre aux militants ce qui leur appartient, dans le seul intérêt du parti et de l’idée que les Français peuvent se faire de la politique.
Pour ma part, je n’ai aucun goût pour les manœuvres d’appareil mais je n’accepte pas l’autorité des chefs autoproclamés ni pour moi, ni pour les autres.
Les militants qui soutiennent Ségolène Royal ont été suffisamment floués comme ça pour ne pas se retrouver pris en otage par qui que ce soit, et c’est la même chose pour tous les autres qui n’ont pas demandé à se ranger derrière un Général de Brigade, mais à travailler sereinement pour le retour d’une gauche moderne et crédible au pouvoir.
Contribuer à ce que la logomachie stérile prenne fin au plus vite, et que chacun retrouve un cadre clair dans lequel assumer ses responsabilités : c’est ni plus ni moins ce que Ségolène Royal nous a demandé de faire avec tous ceux qui voudront nous y aider.
Elle confie la direction de son courant à Jean-Louis Bianco, Najat Belkacem et Gaëtan Gorce. Vincent Peillon lui répond qu'il n'entend pas se "laisser congédier".
Ségolène Royal a annoncé mardi sur Canal+ avoir confié l’«animation» de son courant «Espoir à gauche» à Jean-Louis Bianco, Najat Belkacem et Gaëtan Gorce, après sa dispute avec Vincent Peillon, son ex-lieutenant qui s’était imposé à la tête du courant.
Interrogée sur Canal+, l’ex-candidate à la présidentielle 2007 a annoncé qu’il fallait «reporter après les élections régionales l’organisation» de son mouvement. «Je réunirai le mouvement après les élections régionales».
«Deuxièmement, d’ici là, j’ai confié à un sage, Jean-Louis Bianco, avec Najat Belkacem et Gaëtan Gorce, la responsabilité d’animer le courant, avec bien sûr tous ceux qui le voudront, pour que les choses se passent de façon très paisible», a poursuivi la présidente PS de la région Poitou-Charentes.
Une violente querelle l’oppose depuis samedi à Vincent Peillon. L’eurodéputé a jugé qu’elle avait «ruiné» sa rencontre de Dijon tandis que Mme Royal considère qu’on a voulu l’évincer de son propre courant.
«Nous n’allons pas nous laisser congédier. C’est d’ailleurs impossible car la direction du courant résulte statutairement du vote des militants», a réagi Vincent Peillon, qui était interrogé par l’AFP.
«Ségolène Royal se comporte comme à la préfectorale, en décidant des nominations. Hier, c'était le vote des militants et aujourd'hui, c'est: "Je nomme trois personnes"», a-t-il ironisé, avant de conclure: «Vis-à-vis des Français, c'est inconvenant».
"Une certaine dérive"
Mme Royal a expliqué, mardi, avoir pris ces «deux décisions» avec son «équipe», en l’occurrence son Conseil politique réuni à la mi-journée.
«Un courant au PS, ça rassemble tous les militants qui ont voté pour un candidat au poste de Premier secrétaire. Tous les candidats qui ont voté pour moi, qui m’ont mis en tête sur la motion, puis qui m’ont donné 50% -peut être un peu plus- et se rassemblent ensuite dans un mouvement, dans un courant Espoir à gauche».
«C’est ce que j’ai porté», a-t-elle assuré.
Qui est le chef? «Justement. J’ai été candidate au poste de Premier secrétaire. J’ai délégué à une équipe l’organisation, l’animation de ce courant parce que je ne peux pas tout faire», a-t-elle fait valoir.
«Petit à petit, il y a une certaine dérive, des personnes ont été éliminées et tout s’est concentré sur une seule personne. C’est à dire qu’on est revenu au fonctionnement archaïque des courants, ce que j’ai toujours détesté», a-t-elle affirmé.
«Il faut remettre en place des fondamentaux, des choses paisibles, de l’ordre juste, prendre un peu de hauteur, que tout le monde se calme», a ajouté Mme Royal.
"Est-ce vraiment vrai qu’à une réunion sur ce sujet très important qu’est l’éducation, on ait ainsi introduit le trouble", s’est interrogé l’ancien ministre de l’Education, pour qui "«la passion personnelle du pouvoir et des médias ne doit pas aller jusqu’à créer ce désordre".
"Autant j’approuve à 100% l’initiative de Ségolène Royal, présidente de Poitou-Charentes, de prendre une initiative en faveur de la contraception (…) autant je suis atterré par l’attitude qui a été la sienne au cours de ce week-end et qui jette sur le parti socialiste une certaine forme de discrédit", a-t-il déploré.
Interrogé sur le jugement de Vincent Peillon, qui a estimé dimanche que Mme Royal "ne pourra pas faire gagner la gauche en 2012", M. Lang a fait remarquer cruellement que la candidate socialiste en 2007 "ne l’avait pas fait gagner la dernière fois".
"C’était une élection pourtant où nous avions quelques chances de l’emporter.
Ségolène Royal annonce qu'elle va s'investir dans le courant par fidélité aux militants. Elle annonce sa volonté "d'organiser une réunion des adhérents du courant, "et au-delà".
Soupir ! "Il faut du courage quand même." Ségolène Royal s'encourage elle-même : elle n'en a pas fini de se battre contre son propre camp. Le week-end dernier, c'est Vincent Peillon qui a sonné la charge contre elle parce qu'elle s'était imposée lors du "rassemblement" de Dijon que le député européen avait organisé. Vincent Peillon, c'est son ancien bras droit lors du congrès de Reims. Il revendique les clés du courant L'Espoir à gauche. Ségolène Royal n'a pas l'intention de les lui laisser.
La mécanique interne du Parti socialiste ne l'a jamais vraiment passionnée. Mais Ségolène Royal veut s'y plonger. "Je ne vais pas échapper à l'obligation, par fidélité aux militants qui m'ont soutenue, de mettre les mains dans le moteur pour la première fois de ma vie", confie-t-elle au Figaro.
"Ca va me prendre du temps, mais je ne peux pas laisser faire des choses pareilles. Ou alors je laisserais dire que je me désintéresse des militants", explique-t-elle. "On va reprendre le choses en main, par la force des choses".
"C'est Peillon qui est très isolé"
Aujourd'hui, l'ancienne candidate à la présidentielle compte proposer à son conseil politique, c'est-à-dire le petit cercle resté fidèle à elle, d'organiser une réunion des adhérents du courant, "et au-delà", pour en reprendre le contrôle. Et placer, dit-elle, quelqu'un d'autre à la tête du courant.
Pour elle et ses proches, l'intention de Vincent Peillon était claire : le député européen voulait l'évincer pour pousser sa propre ambition. Royal le soupçonne même d'être à l'origine de "la campagne sur son isolement". "C'est Vincent Peillon qui est très isolé", dit-elle.
Elle aussi, toutefois. "Je n'ai pas besoin de soutien, je n'ai agressé personne", coupe-t-elle.
Elle souligne aussi qu'en Poitou-Charentes, lors d'une réunion publique à La Crèche dimanche, elle a réuni un millier de personnes.
Pas sûr que Vincent Peillon se laisse faire. Pas sûr que ce soit si simple : depuis le congrès de Reims le courant qui avait soutenu Ségolène Royal a explosé. Difficile de connaître les rapports de force internes aujourd'hui… Jamais en reste pour apparaître comme une victime des vieilles pratiques et du vieux Parti socialiste, elle ajoute : "Les coups dans le dos, c'est ce qui tue le PS".
Si l'ancienne candidate à la présidentielle a décidé d'être aussi combative, c'est "parce qu'elle a compris qu'on ne va pas à une primaire, même ouverte, sans une structure", explique un membre de la direction du Parti socialiste.
Pour l'instant, il n'est pas encore question d'annonce de candidature. "Je suis méthodique", dit-elle. Son horizon, ce sont d'abord les élections régionales de mars. Présidente sortante de Poitou-Charentes, elle espère montrer sa différence lors de cette occasion. Redevenir, comme en 2004, le symbole de la victoire du PS, en quelque sorte. Même si les Verts, en présentant des listes autonomes, ne vont pas lui simplifier la vie. Sur cette question aussi, Ségolène Royal n'a pas dit son dernier mot : "Jusqu'au bout les choses peuvent changer", dit-elle au Figaro.
C'est seulement après les régionales qu'elle pourra se projeter dans la préparation des primaires de désignation du candidat socialiste à la présidentielle de 2012. Elle a prévenu qu'elle serait vigilante sur les conditions de préparation de ce vote. "Il faut que ces primaires soient bien organisées", a-t-elle expliqué sur France Inter. Dans ce cas, si elle "cautionne la façon dont elles sont organisées dans leur dignité, dans leur déroulement, dans leur garantie de sérieux, dans l'impossibilité d'y frauder et dans la qualité du débat politique", elle en acceptera le verdict.