Qu'est ce qui doit changer dans le Parti socialiste ?
La belle invocation à la rénovation n'a de sens que si elle répond à cette question ! Que si elle donne à sa revendication un contenu précis !
À ce stade, il est sans doute nécessaire de revenir sur ce que j'ai déjà eu l'occasion d'avancer voici deux ans et qui reste totalement d'actualité :
- la première rénovation consistera a ajuster enfin notre fonctionnement aux institutions de la Cinquième République. Il est en effet paradoxal, et aujourd’hui quasi mortel, que le premier parti d'opposition dont la vocation est de garantir l'alternance tourne ainsi le dos aux conditions pour y parvenir. L'élection de son leader au suffrage universel des militants et des sympathisants constitue la clef de toute réelle transformation. C'est la question des "primaires" qui devront intervenir le plus tôt possible et associer le plus d'électeurs possible.
- la seconde rénovation est liée à la première mais celle-ci sera sans effet si celle-là n'a pas lieu : c'est de réduire l'influence des courants, leur retirer toute capacité à peser sur le choix de nos dirigeants et candidats a tous les niveaux de l'appareil. Il faut casser les rentes de situation qu'ils garantissent. Y parvenir supposera de s'appuyer sur une conception renouvelée du militantisme qui en appellera à un parti de masse. Aussi faut-il plaider d'un même mouvement pour la convocation d'États généraux du renouveau, qui seront le pendant, au plan du projet, ce que sont les primaires pour le choix du leader, afin d ‘élargir le périmètre au sein duquel les décisions seront prises. C'est un nouveau parti qui devra naître de ce rendez-vous, transformé dans ses statuts comme dans ses ambitions.
- la troisième rénovation est celle du projet. Nous sommes au bout d'une histoire : à chaque étape du capitalisme a correspondu une forme de socialisme. À la rudesse de la première révolution industrielle a correspondu un socialisme de contestation. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale un nouveau rapport de forces a fait émerger un socialisme de la réforme et de la coopération. À la mutation en cours doit répondre un socialisme qui ne peut être ni le retour à la contestation ni le simple prolongement de la social-democratie. La question écologique le montre : il ne s'agit pas de rompre avec nos principes (régulation, juste répartition) mais de les adapter à de nouveaux enjeux. Je plaide en ce sens pour une première convention nationale qui préciserait notre pensée sur cette question. Mais, au-delà, c'est une vraie volonté de changement qui doit s'affirmer ! Un goût nouveau pour les idées ! Un enthousiasme renouvelé pour le débat et la délibération collective !
C'est sur trois piliers que se fera la rénovation. À défaut, elle ne sera qu'un leurre… Il n'est plus temps !