ArcelorMittal Dunkerque et Mardyck
répondront mercredi à un appel intersyndical
à la grève lancé dans neuf pays d'Europe
Source : lavoixdunord.fr - le 3 décembre 2011
"Environ une famille sur huit dans le Dunkerquois est dépendante de l'activité sidérurgique", assure l'Union locale CGT de Dunkerque en conclusion d'un tract intitulé Stop au diktat de Mittal !
Autant dire que l'appel intersyndical à la grève lancé pour mercredi a toutes les chances de ne pas passer inaperçu. D'autant plus qu'il concerne les deux sites du littoral ArcelorMittal Dunkerque (3 000 salariés) et ArcelorMittal Mardyck (600) ainsi que tous les sous-traitants (1). Il prendra la forme de débrayages de deux heures au minimum à la prise de poste, dès la nuit de mardi à mercredi.
Ce mouvement présente deux particularités. Il s'agit d'un front commun de cinq syndicats de la métallurgie (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et CFTC) suffisamment rare pour être souligné. Il s'agit aussi - initiative encore plus originale - d'une journée d'action européenne. La Fédération européenne de la métallurgie invite une trentaine de syndicats à la mobilisation dans les neuf pays du Vieux Continent où se trouve implanté ArcelorMittal.
"Envoyer un signal fort"
Pourquoi un tel mouvement ? "Pour ne pas voir la sidérurgie disparaître de France et d'Europe", résume Christelle Veignie, secrétaire générale de l'Union locale CGT. Les grévistes comptent "envoyer un signal fort à Lakshmi Mittal et à sa famille".
Ils protestent contre les restructurations comme celle qui vient de toucher le site de Liège. Ils dénoncent des "dérives financières dans la gestion du groupe", déplorent "la baisse du montant du budget alloué au développement du groupe, à la formation" ...
"Tout cela n'est pas assuré par le groupe, déclare Philippe Verbèke, salarié sur le site de Mardyck, coordinateur national CGT pour ArcelorMittal. Mittal préfère investir dans l'achat de mines de fer au Canada, au Liberia." Il redoute que le milliardaire ne dépouille l'Europe de ses "compétences" et n'installe de grosses usines "en Chine, en Inde, dans les pays en voie de développement".
Philippe Verbèke occupera un rôle de premier plan lors de la journée de mercredi. Il représentera la France lors de la conférence de presse intersyndicale européenne organisée au siège de Mittal, à Londres, ville où habite Lakshmi Mittal. Il annonce un geste propre à marquer les esprits : "On va déposer 581 casques", soit un par emploi direct supprimé à Liège.
La CGT, la CFDT, FO et la CFE-CGC appellent aussi à participer au déplacement dans cette ville belge (départ des autocars mercredi à 6 h du parking du comité d'entreprise d'ArcelorMittal Dunkerque inscriptions auprès des syndicats). Les salariés qui resteront sur place pourront assister à un meeting au poste de garde du site de Mardyck, vers 13 h 30.
Eugène Koélie, secrétaire général CGT des métaux de Dunkerque, se fait le porte-parole des sous-traitants. Ils interviennent dans la maintenance, pour entretenir ou réparer l'outil de travail (ponts, fosses...) : "Ils se trouvent en première ligne en cas de baisse d'activité."
Lui aussi estime que "Mittal est venu acheter le savoir-faire français pour ensuite délocaliser".
(1) L'appel à la grève s'adresse aussi à l'Usine des Dunes, à Leffrinckoucke.
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