Comme beaucoup de femmes et d’hommes, j’ai ressenti une grande tristesse à l’annonce de la mort de Philippe Séguin.
Parce que Philippe Séguin, forte personnalité de la droite française, avait bâti sa carrière politique en plaçant au premier plan un sourcilleux besoin d’indépendance.
Parce qu’aujourd’hui, il était un des derniers représentants (le dernier ?) de ce que l’on appelle le gaullisme social, idéologie bien éloignée de celle du libéralisme débridé et corporatiste qu’applique chaque jour un peu plus le chef de l’État.
Son parcours personnel était celui d’un pur produit de l’école publique. Pupille de la Nation née à Tunis et fréquentant les lycées publics de Nîmes et Draguignan, puis l’IEP d’Aix-en-Provence, il parvint à obtenir une licence en lettres et réussi le concours de l’ENA.
Bien qu’en désaccord avec lui sur l’Europe, on ne pouvait que souscrire à sa critique « d’un monde dominé par les marchés financiers où les gouvernants ne semblent avoir prise sur rien» et à sa volonté « d’un retour du « politique» .
Enfin, en tant que président de la Cour des comptes, il a su prouver son indépendance et dénoncer quand il le fallait la mauvaise gestion des deniers publics par les gouvernements de sa propre famille politique.
Aujourd’hui, la France perd un homme exceptionnel qui était garant des contre-pouvoirs.