Le Front National avait réussi à se maintenir dans douze régions au soir du premier tour. Première triste nouvelle ...
En ce 21 mars 2010, les dégâts électoraux pour la droite et la gauche parlementaires s'aggravent, avec un FN obtenant un score moyen de 17 % dans ces régions.
C'est sans doute une autre défaite de l'UMP : les régionales de 2010 marquent le retour d'un Front national fort en France. Présent au second tour dans 12 régions, le FN y réalise un score moyen de 17 %, soit son étiage de 2007. Bien loin, en tous cas, des 6,45 % des européennes 2009.
La famille Le Pen n'est pas pour rien dans ce succès. En région PACA, Jean-Marie réalise un score de 23 %, le meilleur de son parti pour toute la France. En Nord-Pas-de-Calais, sa fille Marine s'en rapproche avec 22,8 %. Bien plus que le résultat de son rival interne, Bruno Gollnisch, qui fait 18 % en Rhône-Alpes. A 81 ans, Jean-Marie Le Pen peut songer à prendre sa retraite : sa fille reprendra le flambeau.
"RETOUR AU BERCAIL"
Ce succès renouvelé s'explique sans doute en partie par le "retour au bercail" des électeurs d'extrême droite qui furent séduits par Nicolas Sarkozy en 2007. Malgré un discours qui est resté musclé sur l'immigration et la sécurité, le chef de l'Etat a déçu ces électeurs, qui ont préféré donner à nouveau leurs voix au FN. Le Front a également su manier avec succès un double discours, à la fois anti-immigrés et fortement teinté de social et de dénonciation des dérives du capitalisme, à même de séduire un électorat populaire déçu des politiques traditionnels.
Au-delà de la résurgence du parti d'extrême droite, l'UMP est renvoyée à un échec : en voulant canaliser ces électeurs grâce à un débat sur l'identité nationale loin d'être exempt d'arrière-pensées électorales, elle a finalement plutôt contribué à relever le FN, tout en se distanciant d'une partie de son électorat plus centriste et parfois choqué par des dérapages et des postures. Jean-Marie Le Pen ne s'est pas privé, dès 20 heures, d'annoncer : "C'est l'effondrement du sarkozysme. Il faut à présent se préparer à la succession." Il a appelé les militants de son parti à "se préparer à la présidentielle et à la législative".
S'il est à nouveau candidat en 2012, Nicolas Sarkozy devra désormais s'employer à renouer avec cet électorat, qui avait contribué à sa victoire de 2007.
Mais dans tous les cas, entre la forte abstention au premier tour et le retour de l'extrême droite, c'est toute la classe politique des partis de "gouvernement" qui est désavouée.
La présidente socialiste sortante de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a parlé dimanche soir d'un "vote d'espérance" à l'issue du second tour des élections régionales, appelant à faire de la victoire de la gauche une "victoire pour tout le pays".
"J'avais appelé dimanche dernier à un vote d'espérance. Vous avez répondu", a-t-elle déclaré depuis Poitiers. "Je m'engage auprès de chacun et chacune de vous, ainsi que ceux qui n'ont pas voté pour moi, à tout faire pour que cette espérance se transforme en action", a-t-elle ajouté.
"Cette unité nous donne un souffle, une nouvelle chance, pour accélérer la bataille pour l'écologie, pour les emplois et la justice, les trois piliers de notre beau bilan et de notre projet", a encore dit Mme Royal, tout en saluant la "belle victoire des présidents de région à travers toute la France".
Elle a rappelé "le rôle de rempart" tenu par les régions "contre les effets d'une politique inefficace et injuste". Selon elle, "le vote d'aujourd'hui montre que notre capacité de résistance a été reconnue.
Il nous appartient désormais de faire en sorte que cette victoire ne soit pas la victoire d'un camp, mais qu'elle soit la victoire pour tout le pays".