Sarkozy : la méthode Coué
Source : zeredac.com - le 8 avril 2012
Sans surprise, le Journal du Dimanche, propriété de Lagardère, a offert ce week-end à Nicolas Sarkozy sa Une et 3 pages pleines d’une interview tranchée, combative et politique.
C’est de bonne guerre. En revanche, à peine achevée la lecture de cet entretien, jaillit une évidence : la volonté de Nicolas Sarkozy ne suffira pas.
Car au delà du programme et du projet politique, qui consiste à poursuivre, avec, égrenées ça et là des mesurettes comme celles concernant le permis de conduite, et les attaques contre François Hollande, il n’y a rien. Rien d’autre que la volonté, la psychologie.
Le seul argument de vente est Nicolas Sarkozy : je suis heureux d’être en campagne, la majorité silencieuse va parler, je veux lui parler, parler à la France, vous aurez des surprises.
Ça n’est pas dit comme cela mais c’est cela, et uniquement cela qui ressort. Une méthode Coué poussée à l’extrême car Sarkozy n’a pas d’autre choix que de croire lui même à sa bonne fortune puisque la majorité des français ne croient plus en lui.
Exiger deux débats entre les deux tours au lieu du seul traditionnel relève du même ressort psychologique : penser que sur sa propre personne, son charisme, on peut changer les ressorts profonds de ce second tour qui dit invariablement depuis plus d’un an, la même chose : casse-toi, Sarko, pour reprendre un vocable présidentiel.
Le charisme et la séduction toute en énergie de Sarkozy le jeune en 2007, n’existe plus, hormis pour son socle de 30 % qu’il ne parvient désespérément pas a élargir.
La confiance s’est brisée, sur la nuit au Fouquet’s, le yacht de Bolloré et ses amours avec Carla ( avec Carla c’est du sérieux, lors des vœux à la presse en janvier 2008 ) quand les français attendaient que l’on s’occupe d’eux alors qu’il ne semblait préoccupe que de lui même.
Cette interview est donc édifiante à deux titres :
D’abord elle acte la vide idéologique sidéral du candidat de l’UMP qui n’a pas su faire évoluer son logiciel et n’a toujours pas trouvé “sa fracture sociale” ou “son travailler plus pour gagner plus”. On peut imaginer qu’il le garde pour l’entre deux tours mais la manœuvre est risquée.
Ensuite elle dit le volontarisme d’un candidat qui pense que parce qu’il le veut, les choses tourneront comme il le souhaite. C’est à la fois audacieux et infantile. Car sa seule volonté ne semble plus pouvoir aller contre la volonté de la majorité silencieuse, fatiguée par ce tournis permanent, cette logorrhée et cette mise en scène de lui par lui même que l’on nous sert depuis 5 ans.
Nous sommes au bout d’une histoire : celle d’un président narcissique et enfantin, qui croit encore pouvoir nous séduire car il le veut.
Mais le Roi dit ” nous voulons ” et en 2012, le Roi, c’est le peuple.
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