Philippe ALLARD - le 12 avril
Interrogé au Grand Jury de RTL, François Hollande candidat aux Primaires socialistes a lancé une forte charge contre le Pacte conclu entre Martine Aubry et Dominique Strauss Kahn.
Ce pacte avait pour but, à son origine, d’empêcher Ségolène Royal de prendre la direction du Parti socialiste lors du dernier Congrès. La socialiste apparaissait en effet dangereuse pour les cadres du Parti habitués à contrôler les décisions prises par de petits arrangements, tractations entre vieux habitués où chacun trouvait au final sa place. Or, en proposant d’ouvrir largement le Parti sur la société, Ségolène Royal allait mettre fin aux petites combinaisons d’arrière cuisine. Avec un trop grand nombre de militants, il ne serait plus possible de contrôler les décisions. Finis les achats de cartes, les truquages d’élections, les clientélismes, le parti allait devenir un parti démocratique. La campagne d’adhésion de 2006 à 20 euros en avait déjà été l’illustration. Avec Ségolène Royal à la tête du Parti, les éléphants perdraient tout contrôle, panique à bord chez les cadres du parti !
Mais avec les soutiens de Laurent Fabius et de la gauche du parti, le Pacte allait réussir à écarter la tentative de réforme. Une réussite toutefois incomplète, il faudra encore recourir à quelques arrangements dans la soirée avec la fédération des Bouches-du-Rhône, pour annuler la victoire de Ségolène Royal et mettre à la tête du Parti Martine Aubry.
La contre-réforme l’emportait, les éléphants maintenaient leur mainmise sur le Parti. Ouf ! Tout allait pouvoir continuer. Les décisions pourront être prises, comme avant, combinaisons de quelques cadres, les militants viendraient sagement confirmer lors des votes "arrangés". Dernièrement, la direction ne s’est même plus donnée la peine de feindre un fonctionnement démocratique pour l‘annonce du projet des socialistes. Inutile ainsi d’attendre le vote des militants pour le présenter à la presse. Le vote des militants interviendra plus tard. Mais quelle importance puisque le résultat est connu d’avance !
Mais voilà, les protagonistes du Pacte ont voulu peut être aller trop loin en l’élargissant à la désignation du candidat à l’élection présidentielle. Pour Fabius, deux candidatures seulement sont sérieuses : celles des deux signataires du Pacte. Le Pacte devait permettre une fois de plus, par les petits arrangements habituels, de désigner le candidat socialiste à la Présidentielle. Les Primaires serviraient seulement à confirmer ce choix.
Or cette fois ci, tous ne sont pas d’accord. S’ils ont laissé faire hier, cette fois ci, des voix s’élèvent contre ce procédé.
Arnaud Montebourg est monté en premier au front pour dénoncer certaines pratiques dans la fédération des Bouches-du-Rhône qui ne pouvaient pas garantir la transparence des votes aux Primaires. Affolement au sommet du PS, depuis on ne l’entend plus Montebourg !
François Hollande a sonné la seconde charge ce week-end. Celui-ci dans des termes durs a dénoncé ces petits arrangements, ces "conclaves". Il ne veut pas "rentrer dans cette Eglise".
La désignation du candidat socialiste ne doit pas se faire à quelques uns, selon l‘ancien secrétaire du PS. François Hollande ne veut pas attendre "une fumée rose" pour connaître le nom du candidat socialiste.
Alors que les dernières élections cantonales ont révélé une forte poussée de l’abstention et du vote en faveur du Front national, on peut s’interroger sur la stratégie choisie par les éléphants du Parti socialiste.
Cette stratégie est-elle la bonne pour reconquérir le vote populaire ?